Mathilde Karpé est commerçante le jour et dozo la nuit (chasseur traditionnel) depuis 15 ans. Elle est titulaire d’une licence 2 en Droit juridique. Elle affirme avoir arrêté les études à cause des djinns (génies) pour se mettre à leur disposition.
Les dozos sont des chasseurs traditionnels présents dans plusieurs villes de la Côte d’Ivoire dont Korhogo. Les connaissances de la nature et le pouvoir mystique qu’on leur prête son transmis de génération en génération. Mathilde Karpé est de cette corporation.
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« Quand je finis de vendre mes médicaments avec mon patron, je pars à la chasse au même titre qu’un homme. Ce qui fait que je suis la seule femme qui circule avec les hommes dozos. Sinon je ne suis pas la seule femme dozo, mais la seule femme qui pratique au même titre qu’un garçon. », explique-t-elle à Brut. Coiffée du chapeau, d’un pantalon avec une chemise sur laquelle sont suspendues des amulettes, Mathilde Karpé dit se sentir « homme » dans cette tenue.
« Quand je suis en tenue, je deviens une autre personne, je me sens homme, pas une femme. Nous manipulons beaucoup les armes. », précise-t-elle.
Elle fait savoir qu’elle a obtenu la licence 2 en droit juridique avant d’être stoppée dans son élan par les génies. « Mes djinns n’ont pas accepté que je continue mes études. J’ai donc arrêté et je me suis mise à leur petits soins. Avant quand je forçais et que je rentrais en amphi, je tombais en transe. Ça n’allait pas du tout parce qu’ils savaient que s’ils me laissaient continuer, je n’allais pas faire ce qu’ils me demandaient de faire aujourd’hui. », a relaté Mathilde Karpé.
Et d’ajouter : « Mais depuis que j’ai arrêté mes études, que je me suis donnée à fond dans ce travail de djinns, je me sens bien. Je ne suis pas la seule femme dozo. Certaines sont rentrées auparavant, mais elles sont âgées aujourd’hui. Certaines sont avec moi, mais elles ne vont pas sur le terrain comme moi. »
Notons que les dozos ne sont pas officiellement reconnus par l’État de Côte d’Ivoire. Cependant, Mathilde et sa troupe patrouillent tous les soirs dans les rues de Korhogo pour faire régner l’ordre.
Karina Fofana