Les artistes acrobates de la compagnie Dafra Cirque de Bobo-Dioulasso, ont écrit et présenté une pièce intitulée « Souffle ». Le directeur artistique de la compagnie, Moustapha Konaté explique qu’il s’agit d’une jeunesse qui, en temps de guerre et sous la menace terroriste, essaye malgré tout d’étudier. La pièce a été jouée le vendredi 18 avril 2025 lors des 7e Rencontres interculturelles du cirque d’Abidjan (Rica).
Comment est née la compagnie Dafra Cirque de Bobo-Dioulasso ?
La compagnie Dafra Cirque a été créée en 2012. J’ai été formé dans cette école. La compagnie a reçu un appui de la formation de ses formateurs de l’école de Chalon et de l’Institut français qui envoyait chaque fois des formateurs. Nos enseignants se rendaient là-bas également pour se faire former. Aujourd’hui, je travaille avec des formateurs qui sont des artistes qui continuent de se produire. Nous travaillons de façon autonome, même si nous recevons des financements quelquefois de l’extérieur.
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Combien d’étudiants formez-vous présentement ?
Il y a une trentaine d’étudiants que nous formons dont l’âge varie entre 5 et 18 ans. Nous dispensons les cours les mardi, jeudi et samedi. Les formateurs sont des membres de la compagnie Dafra Cirque, qui relève de l’association Dafra Cirque, qui étaient là à la base.
Quelles sont les conditions à remplir pour intégrer le centre ?
Ce n’est pas une école formelle, c’est l’association qui dispense les cours, mais c’est professionnel. Au départ, il n’y avait pas de condition à remplir. Nous prenions tout en charge. Mais depuis un moment, nous avons imposé des faits d’inscription parce que quand c’est gratuit, les gens ne prennent pas au sérieux.
Quel objectif voulez-vous atteindre en initiant cette formation ?
L’objectif c’est de préparer la relève. Parce que si nos aînés n’avaient pas eu l’idée de nous former, nous ne serions pas là aujourd’hui. Nous sommes la première compagnie de la ville de Bobo-Dioulasso et celle qui tourne le plus. Si nous bénéficions aujourd’hui, c’est parce que des gens ont pensé à la relève. L’un des objectifs, c’est de leur permettre de produire de bons résultats à l’école, notamment en sport.
Le cirque est perçu comme venu de l’occident. Comment avez-vous réussi à l’inculquer dans nos valeurs africaines ?
C’est peut-être le nom qui fait que les gens ont cette pensée. Pour moi, le cirque est d’origine africaine. En effet, le cirque existait déjà en Egypte antique, donc c’était déjà en Afrique. Dans nos cultures, il y a des acrobaties.
Chez nous à Bobo-Dioulasso, chez le peuple bobo, il y a des acrobaties. Les masques du boloye en Côte d’Ivoire en font également. C’est la connotation européenne du cirque qui fait que les gens pensent que ça vient de là-bas.
À travers les acrobaties, nous présentons une situation d’actualité. Il s’agit de la crise que vit le pays, le Burkina Faso qui a impacté notre culture et notre mode de vie. C’est ce que nous mettons sur scène.

Vous étiez à la 7e édition du Rica à Abidjan. Qu’est-ce-que vous avez présenté au public ?
Nous avons présenté un spectacle qui parle de l’innocence des enfants en situation de guerre, c’est-à-dire comment les enfants vivent au moment des crises. La pièce s’intitule « Souffle ». En grande partie, il y a des questionnements dans la pièce en vue de trouver des solutions aux problèmes des enfants qui sont dans cette situation au Burkina Faso et partout ailleurs dans le monde.
Nous avons pris notre cas, parce qu’il y a eu un moment où les enfants d’une partie du pays ne pouvaient plus aller à l’école. Il y a des hommes enturbannés qui attaquaient les écoles, qui fermaient les écoles. Si les écoles n’étaient pas fermées après, quand ils revenaient, ils les attaquaient, ils tiraient à balles réelles sur les classes. Alors étant des artistes, c’est notre façon de chercher à trouver des solutions à cette situation. À travers la pièce ‘’soufle’’, c’est une façon de dire non à ce qui se passe dans notre pays. Nous avons présenté la situation à travers des pyramides, des acrobaties, etc.
Karina Fofana