Georges Taï Benson était le dimanche 26 janvier 2025 sur radio Fréquence 2 dans l’émission Media Coulisses. Le premier producteur de la méga star du reggae est revenu sur l’histoire de sa chanson « Dji » (l’eau en Malinké), éditée en 1986 sur Jérusalem, son quatrième album.
Selon l’ancien animateur vedette de la Radiodiffusion Télévision ivoirienne (RTI) « Dji » est une chanson de nostalgie, de douleur.
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« Alpha Blondy a un ami qui s’appelle Salia. Celui-ci les a quittés pour aller chercher du travail dans une région de la Côte d’Ivoire. Boundiali, je crois où il y a un fleuve dans lequel il s’est noyé. Et Alpha Blondy demande à l’eau : « Où est mon ami ? L’eau, pardon, où est mon ami ? Tu es très importante lorsque je dois me laver, boire. Mais Salia est parti, ça fait deux à trois mois, on ne le voit pas. », a raconté Georges Taï Benson sur Fréquence 2.
Rappelons que Salia n’était pas seulement un compagnon de jeunesse d’Alpha Blondy. Il était bassiste dans le tout premier groupe formé par Alpha Blondy, où ce dernier occupait le rôle de leader. Ce groupe comptait également d’autres talents comme Price, à la guitare solo, et Pop Touré, à la batterie. Leur amitié et leur passion commune pour la musique tissaient des liens indéfectibles.
Cependant, la vie prit un tournant cruel. Alors qu’Alpha Blondy revenait des États-Unis avec le rêve de réunir son groupe d’origine, une tragédie frappa. Salia trouva la mort, noyé dans le fleuve Bandama lors d’une séance de pêche. Cette perte brutale plongea Blondy dans une immense douleur.
Dans l’ouvrage de Yacouba Konaté, « Alpha Blondy Reggae et Société », il précise que profondément marqué, il retourna à Korhogo et passa une nuit entière en méditation sur la tombe de son ami. Ne pouvant apaiser sa peine, il entreprit une marche de 30 kilomètres pour rejoindre le lieu exact de la disparition de Salia, sur les rives du Bandama. Là, une nouvelle nuit de veille et de prières s’ensuivit. C’est au cours de cette deuxième nuit, au bord de ce fleuve chargé de souvenirs, qu’Alpha Blondy composa la chanson « Dji ».
Ce morceau, empreint de tristesse et de nostalgie, est une véritable ode à l’amitié et à la perte. À travers ses paroles et sa mélodie, Blondy exprime à la fois son chagrin, son hommage à son ami disparu, et sa manière de transformer la douleur en art. « Dji », qu’il n’éditera qu’en 1986 sur Jérusalem, son quatrième album reste aujourd’hui une des chansons les plus émouvantes du répertoire d’Alpha Blondy, un témoignage intemporel de la profondeur des liens humains et du pouvoir cathartique de la musique.
Karina Fofana