La Côte d’Ivoire célèbre une reconnaissance internationale majeure : l’attiéké, sa célèbre semoule de manioc fermentée, a été inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. L’annonce a été faite lors de la 19e session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, tenue au Paraguay.
Cette consécration suscite une immense fierté parmi les Ivoiriens, en particulier les femmes qui perpétuent ce savoir-faire ancestral. À Anono, village situé au cœur d’Abidjan, la production de l’attiéké mobilise des générations de femmes. « Éplucher, râper, fermenter, cuire… C’est un héritage transmis depuis des décennies », explique Adiokoua Flora, doyenne des productrices. Elle se réjouit de cette reconnaissance, tout en espérant qu’elle renforcera la compétitivité de l’attiéké ivoirien face à d’autres producteurs comme la Chine ou le Burkina Faso : « Nous voulons que notre attiéké évolue et qu’il soit mieux valorisé. »
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Le processus de fabrication de l’attiéké repose sur des étapes rigoureuses, à commencer par la fermentation appelée « magnan », qui dure trois jours. « Après fermentation, le manioc est broyé, pressé pour obtenir des grains, puis cuit », détaille Anne-Marie, une productrice locale. Ce savoir-faire donne à l’attiéké ivoirien son goût unique, apprécié tant sur le continent africain qu’à l’international.
Cette inscription à l’UNESCO représente également une opportunité économique majeure. À Abobo Akeikoi, l’entreprise Cotravi exporte déjà 40 tonnes d’attiéké déshydraté par an vers l’Europe et les États-Unis. Pour son gérant, Tapé Clément, cette distinction ouvre des perspectives prometteuses : « Nous devons structurer la filière, tracer l’attiéké et établir des contacts avec des distributeurs européens. »
Par ailleurs, l’attiéké bénéficie désormais du statut de « marque collective », limitant l’usage du nom aux produits fabriqués en Côte d’Ivoire. Ce label permettra de protéger cette spécialité culinaire face aux imitations et d’assurer sa promotion sur la scène mondiale.
L’attiéké rejoint ainsi le thiéboudiène (riz gras) sénégalais dans le cercle des trésors culinaires ouest-africains reconnus par l’UNESCO. Une victoire culturelle et économique pour la Côte d’Ivoire, qui voit dans cette distinction une opportunité de faire rayonner son patrimoine.
Rappelons qu’en En 2023, l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) a enregistré l’ « attiéké des lagunes » en indication géographique protégée (IGP) puis mi-2024, labellisé en « marque collective », empêchant les semoules de manioc produites dans d’autres pays d’être commercialisées sous le nom d’ »attiéké ».
Lucien Kouaho (stagiaire)
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