Les athlètes kényans, souvent parmi les meilleurs coureurs de fond et de demi-fond au monde, sont régulièrement célébrés pour leurs prouesses sportives. Cependant, derrière ces succès se cachen des difficultés de santé mentale et des défis personnels qui, pour certains, mènent à des issues tragiques.
Dans ce pays d’Afrique de l’Est, le besoin de performer pour subvenir aux besoins familiaux conduit parfois à un cercle vicieux, incluant dopage, dépendances et violences.
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Depuis 2017, plus de 80 athlètes kényans ont été suspendus pour dopage par l’Unité d’intégrité de l’athlétisme mondial. Cette exclusion soudaine du circuit professionnel entraîne pour beaucoup une chute brutale de revenus, provoquant des difficultés financières et de santé mentale. Une fois sanctionnés, ces athlètes se retrouvent souvent livrés à eux-mêmes, avec peu de soutien de la part de la fédération Athletics Kenya ou de leurs anciens entraîneurs.
Le décès récent de Kipyegon Bett, médaillé de bronze sur 800 mètres aux Championnats du monde de 2017, met en lumière ces défis invisibles. Suspendu en 2018 pour dopage à l’EPO, Bett a sombré dans la dépression et développé une dépendance à l’alcool, qui a finalement entraîné une insuffisance rénale et hépatique. Le 6 octobre 2024, il est décédé dans sa ville natale de Kericho, à l’âge de 26 ans. Sa sœur, Purity Kirui, confie que Bett a refusé de reprendre l’entraînement après sa suspension, malgré les encouragements familiaux. Le jour de sa mort, un autre athlète kényan, Clement Kemboi, a été retrouvé mort à Iten, lieu réputé pour l’entraînement des coureurs kényans.
Ces décès s’ajoutent à ceux de trois autres athlètes récemment disparus, marquant la communauté sportive kényane. En octobre, le marathonien Samson Kandie, 53 ans, a été tué dans une agression, et en septembre, un autre marathonien, Willy Kipruto Chelewa, a été retrouvé sans vie. Pour Julius Yego, ancien champion du monde de javelot, ces tragédies soulignent l’isolement auquel ces athlètes font face : « Ils se sentent isolés et doivent lutter seuls contre leurs problèmes. »
Le revers de la médaille pour les coureurs kényans devient un sujet de préoccupation croissante, appelant à un soutien accru pour prévenir de telles tragédies dans l’athlétisme kényan.
Lucien Kouaho (stagiaire)