Abebe Bikila, né le 7 août 1932 à Jato et décédé le 25 octobre 1973 à Addis-Abeba, est une figure emblématique de l’athlétisme éthiopien et mondial. Connu pour ses exploits en courses de fond, il est le premier athlète africain noir à remporter une médaille d’or olympique, inscrivant ainsi son nom dans l’histoire du sport.
Jeunesse et découverte
Fils de berger, Abebe Bikila mène une vie modeste dans sa région natale avant de se distinguer par son talent naturel pour la course. S’entraînant seul pendant deux ans, il attire l’attention des instances éthiopiennes d’athlétisme en 1959. C’est Onni Niskanen, un membre de la Croix-Rouge et passionné d’athlétisme, qui prend Bikila sous son aile, voyant en lui un potentiel exceptionnel. Sous la tutelle de Niskanen, Abebe devient moniteur d’éducation physique de la garde impériale, et son entraînement devient plus structuré et diversifié, incluant même des sports comme le tennis et le basket-ball pour améliorer sa coordination.
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Le marathon de Rome 1960
La consécration arrive lors des Jeux olympiques de Rome en 1960. Sélectionné de dernière minute pour remplacer un coureur blessé, Bikila impressionne le monde entier en remportant le marathon pieds nus, un choix dicté par l’absence de chaussures adaptées et une habitude de courir sans. Son temps de 2 heures 15 minutes et 16 secondes établit un nouveau record du monde. Le marathon de Rome est couru en nocturne, et Bikila se détache du favori marocain Abdeslam Radi au 41e kilomètre, terminant la course avec 200 mètres d’avance. Après sa victoire, sa modestie est notable ; il affirme que d’autres coureurs de la Garde Impériale auraient pu gagner à sa place.
Héros national et symbole politique
Sa victoire ne se limite pas à une simple performance sportive. En passant près de l’obélisque d’Aksoum et en arrivant à l’Arc de Constantin, Bikila rappelle symboliquement la résistance de l’Éthiopie face à l’invasion italienne un quart de siècle plus tôt. Il devient un héros national, honoré par son pays avec une voiture et un appartement en récompense.
Carrière et derniers jours
Après les Jeux de Rome, Bikila continue de briller en athlétisme. Il participe à plusieurs marathons, remportant trois autres victoires et terminant cinquième au marathon de Boston en 1963, seul échec notable de sa carrière. Cependant, malgré son implication involontaire dans un coup d’État manqué contre l’empereur, il est gracié et continue de se consacrer à son sport.
Abebe Bikila meurt le 25 octobre 1973 à Addis-Abeba, mais son héritage perdure. Il reste une figure inspirante pour les athlètes africains, incarnant la persévérance et la détermination. Son impact va au-delà du sport, symbolisant l’émergence et la domination des coureurs de moyenne et longue distance en provenance de l’Afrique de l’Est.
Ignace Konan (stagiaire)