La salle Kodjo Ebouclé a été le théâtre du premier spectacle de la pièce de danse « Vozes » par Janeth Mulapha. Cette magnifique création illustre silencieusement la condition des femmes. Elle explique qu’il est difficile d’être femme artiste.
Elles murmurent ! Elles font des complaintes ! Elles se plaignent de leurs conditions de vie. Elles, ce sont cinq filles qui utilisent leur corps pour se plaindre de leurs conditions sociales et clamer leur envie d’exister par elles-mêmes. Dans la salle Kodjo Ebouclé, pleine à craquer ce lundi 15 avril 2024, les spectateurs découvrent les corps frêles de cinq jeunes filles (femmes).
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Elles se tordent de douleur ! Pleurent ! Dénoncent ! Sans voix. Et c’est ce qui séduit le public qui a acclamé à tout rompre durant tout le déroulé de la pièce ‘’Vozes’’ (Voix) de la Mozambicaine Janeth Mulapha. Dans la pièce, le spectateur découvre des corps, des corps singuliers, qui définissent les trajectoires de vie des danseuses. Ce sont des femmes qui veulent changer leurs conditions de vie.
En gros, des corps de femmes révolutionnaires qui ont d’innombrables expériences entachées d’hégémonie. « Leurs croyances, leur âge, leur religion et leurs identités incubent la liberté à travers la danse comme une toile d’araignée, comme métaphore de la transgression féminine. Cette fois, les corps dansent leurs voix, les voix qui revendiquent la liberté par la résilience, des figures féminines qui ne se soucient pas de s’inscrire dans l’esthétique : elles cherchent leur expression loin de la rigidité, l’expression de toute une vie », raconte la synopsis.
Dans la salle, tout se passe à merveille. Des spectateurs disciplinés suivent religieusement les complaintes des cinq danseuses qui captivent leur attention. C’est une affaire de femmes et telle, elle intéresse tout le monde. « On parle de femmes au quotidien, explique la chorégraphe. Elles ont des problèmes au Mozambique où il est difficile d’être femme artiste. On cherche à se professionnaliser, mais c’est un travail très dur. Il y a des gens qui n’osent jamais danser. Alors qu’elles rêvent d’être danseuses et veulent vivre de ce qu’elles aiment », explique la chorégraphe Janeth Mulapha.
Et poursuit : « C’est un miroir sur la danse. Pourquoi on n’arrive pas à vivre de ce qu’on aime ? Pourquoi on n’arrive pas à se professionnaliser dans l’art ? Alors qu’on peut y gagner de l’argent et nourrir sa famille ». C’est cela le charme de cette pièce qui a séduit nombre de spectateurs dans l’après-midi du lundi 15 avril 2024. Elle exprime la problématique de la femme artiste au Mozambique, en particulier, et en Afrique, en général. Prochaine date, le jeudi 18 avril. Avant d’atterrir sur les scènes du Marché des arts du spectacle africain d’Abidjan (MASA), ‘’Vozes’’ a déjà été jouée au Mozambique, en Ile de la Réunion et en France.
Son auteure Janeth Mulapha évolue en freelance. « Ce n’est pas une compagnie. Je cherche des filles qui veulent faire de la danse, mais qui n’ont jamais dansé. Je leur demande si elles sont intéressées par la danse, je leur demande de me suivre et on fait quelque chose ensemble », dévoile-t-elle quant à la composition de son groupe. Dans le cadre du MASA, elle est arrivée avec un groupe de 13 membres. « Je ne fais pas du théâtre. La vie elle-même est du théâtre. On n’y pense pas, peut-être, mais nous sommes toujours là à faire du théâtre.
Je ne fais pas que du théâtre. Je fais la vie. Je fais la danse », rassure la danseuse interprète, performeuse et chorégraphe. Elle est installée à Maputo, au Mozambique.
NDLR : Le titre et l’introduction sont de la rédaction