Il y a 33 ans que N’goran Jimmy Hyacinthe, un talentueux guitariste, a rangé son micro. Les fans de cette époque florissante de la musique ivoirienne pleurent la perte de cet artiste emporté par la mort alors qu’il explorait un nouveau domaine musical : le Goly moderne.
Considéré comme l’un des musiciens et arrangeurs les plus doués de ces cinquante dernières années, s’en est allé le 19 mars 1991.
Le 19 mars 1991, tel un coup de tonnerre, toute la Côte d’Ivoire et la planète musique, apprenait, avec émoi, la subite disparition de Jimmy Hyacinthe ! 33 ans après la mort du musicien et arrangeur de talent, les mélomanes et professionnels ne tarissent pas d’éloges à l’endroit de l’ex-lead guitariste du mythique groupe pop panafricain des années 1970/80, Les Bozambos.
«Le virtuose de Treichville», comme l’appelaient certains de ses proches, s’érigeait comme l’alter ego africain de l’Américain Jimmy Hendrix, considéré jusqu’à ce jour par certains critiques comme «le plus grand guitariste de tous les temps».
Jimmy Hyacinthe, même si en modernisant le «Goli», rythme dérivé du nom d’un sous-groupe et d’un masque baoulé (de la tribu Kodê), n’a pas vu ses héritiers, à l’instar de John Jongoss, le pérenniser, peut s’enorgueillir d’avoir modelé et contribué au rayonnement international de stars comme Aïcha Koné (notamment avec l’album «Adouma» enregistré en 1982 au studio Davout à Paris), Nayanka Bell, B.B Manga (Cameroun) et de nombreux autres musiciens et chanteurs de Côte d’Ivoire et du Mali dans les années 1970 et 1980.
Sur le plan personnel, Jimmy Hyacinthe a signé de 1981 à 1990 cinq 33 tours : Maquis lô, Amouin sou ba, Rétro, 02 h du matin et Golitique «un album qui n’est jamais sorti et dont la bande se trouve au studio JBZ à Abidjan», rappelait, il y a deux ans, Tiburce Koffi, à l’occasion du 18e anniversaire de la mort de l’artiste, dans ces mêmes colonnes.
Le plus remarquable d’entre tous ces disques est l’album Maquis lô (de six titres) qui sortit en 1981, une synthèse de l’époque seventies et un pont avec la génération actuelle d’alors. Un savant cocktail qui prenait en compte la vieille rumba, l’afro-cubain, la pop music, le reggae, le disco, Un melting-pot harmonique et rythmique.
Entre ses albums rétro (qu’on appelle désormais Best of) et sa signature qu’il épingle aux succès des artistes d’ici et d’ailleurs, N’Goran Jimmy Hyacinthe traverse allègrement la décennie 80. Non sans quelques coups de gueule contre l’absence d’une véritable politique culturelle en Côte d’Ivoire, du reste, faisant le lit à l’hégémonie des musiques d’Afrique centrale.
Au sortir de l’année 1990, il a ainsi la tête pleine de projets, entre autres : la réalisation d’un album en Louisiane (USA) avec des partenaires (producteurs et musiciens) américains et le musicien zaïrois Ray Léma. Il est même question d’une collaboration avec le jazzman américain Earl Klugh et de s’exiler à nouveau.
Le mardi 19 mars 1991, la nouvelle de son décès surprend tout le pays. Des rumeurs folles et fantaisistes entoureront sa disparition ainsi que l’organisation des obsèques de l’artiste qui donna lieu à des tracasseries et commentaires en tous genres. Le noceur invétéré qu’il était apportant de l’eau au moulin de la rumeur abidjanaise. Jimmy Hyacinthe a été inhumé le samedi 11 mai 1991 à Afotobo (Béoumi) ; lieu de pèlerinage quelques années après sa disparition, devenu, aujourd’hui, anecdotique.
Houphouët-Boigny Félix
NDLR : Le titre et l’introduction sont de la rédaction
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