Le Centre Culturel Sénoufo de Sikasso est situé en plein cœur de cette ville historique du Mali. Inauguré en novembre 2005, il a été dirigé par son fondateur, le Père Emilio Escudero Yangüela, un Espagnol, jusqu’à sa mort en novembre 2012. A ce jour, le centre qui dispose de plus de 12 000 collections culturelles du peuple sénoufo, est dirigé par le Père Bruno Ssennyondo, originaire de l’Ouganda en Afrique de l’Est.
Selon le Père Bruno Ssennyondo, directeur du Centre Culturel Sénoufo de Sikasso, le fondateur et promoteur dudit centre est le père Emilio Escudero, qui a passé une cinquantaine d’années au Mali et qui est membre de la Société Internationale des Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs). Dès sa fondation, le fonctionnement du Centre fut placé sur une association privée de droit malien dénommé ‘’Wu Niré’’, c’est-à-dire nos racines en langue sénoufo. De même, le centre bénéficie de l’accompagnement des Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs) et du diocèse de Sikasso.
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« Dans les habitudes des Pères Blancs, une fois arrivés quelque part, ils font tout pour s’intégrer aux coutumes locales. C’est ce qui est arrivé ici à Sikasso dans les années 50 lorsque le père Emilio a été nommé dans le pays Sénoufo à Sikasso. Il a beaucoup apprécié la culture sénoufo et a passé plusieurs nuits dans les villages, posant des questions et collectant de nombreux éléments », se souvient le Père Bruno Ssennyondo.
82 OBJETS EXPOSES ET 1400 OBJETS EN RESERVE
Le Centre de Recherche pour la Sauvegarde et la Promotion de la Culture Sénoufo (CRSPCS) a pour mission de contribuer à la sauvegarde et à la promotion de la culture sénoufo en particulier et des cultures locales en général. Et ce, en les aidant à s’ouvrir aux autres cultures et en œuvrant pour le dialogue interculturel, interreligieux et intergénérationnel.
Après quelques années, précise le directeur du Centre, le Père Emilio Escudero réalisera que de nombreux aspects de la culture se perdaient. C’est ainsi qu’il a commencé à collectionner des objets, à acheter des artefacts, et même à apprendre la langue sénoufo.
Au fil du temps, avec l’aide d’autres pères, explique le Père Bruno Ssennyondo, il a créé un musée sénoufo pour préserver la culture et transmettre aux générations futures. A l’en croire, le musée compte 82 objets exposés et 1400 objets en réserve, en cours de répertoriassions.
C’est d’ailleurs le Père Emilio Escudero qui a introduit les instruments de musique traditionnels, comme le balafon, dans à l’église. « Auparavant, ces instruments étaient considérés comme sataniques et éloignés de la religion. Son objectif était de promouvoir le dialogue religieux et interculturel, car aucune culture ne peut se maintenir seule », a fait remarquer le Père Bruno Ssennyondo.
DE NOMBREUX VISITEURS
Le Centre Culturel Sénoufo de Sikasso reçoit de nombreux visiteurs en raison des expositions thématiques qui leur offrent une opportunité de faire un lien entre le passé et le présent. « Nous accueillons de nombreux visiteurs, y compris des couples, des élèves et des professionnels », souligne le directeur. Le centre est ouvert tous les jours sauf les jeudi et dimanche matin en raison des nouveaux mariés qui viennent pour des visites et des prises de vues. Le guide, le Père Abbé Edouard Coulibaly, mentionne que les derniers jeudi du mois ils reçoivent souvent 60 couples.
Dans les salles de réserve, l’on trouve des objets culturels de nature et de fonctions variées. Au sein du centre, se trouve une bibliothèque dotée des manuscrits linguistiques et ethno-anthropologiques, des enregistrements audiovisuels, des photos numérisées et imprimées, etc. Le CRSPCS propose à son public quelques activités dont les revenues aident à financer son fonctionnement.
Soulignons que le Père Emilio Escudero est né en février 1935, il a été ordonné prêtre le 2 février 1959 à Madrid en Espagne. Le Mali fut son premier lieu de mission, notamment à Sanzana d’octobre 1959 à 1964. Il a aussi officié à Barcelone, à Séville, à Abidjan, etc. Il est mort le 2 novembre 2012 à Valence en Espace, alors qu’il était en congé.
Karina Fofana
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